Georg Kreisler et Helmut Qualtiger

Publié le par Jean-Louis

J'ai commencé récemment un petit échange linguistique avec mon quasi-oncle Rudi. Je l'aide à améliorer son français et il me fait découvrir les spécificités la culture viennoise.

Dernière découverte en date : Deux chanteurs Viennois Georg Kreisler (1925-) et Helmut Qualtiger (1928-1986) aux textes particulièrement incisifs. Suivant un peu la tradition du Wienerlied (chanson viennoise particulièrement populaire de la fin du 19ème jusqu'au années 20) tout en y ajoutant un style cabaret et un humour corrosif, ils connurent tous deux le succès à partir des années 50-60. C'est un bon exercice pour moi car ils chantent en dialecte viennois.

Petit répertoire...

Georg Kreisler - Tauben vergiften (empoisonner les pigeons)


Ma chérie ! Le temps est magnifique,

Je ne reste pas une minute de plus enfermé

Aujourd’hui, il faut sortir dans la verdure

Pour voir le printemps et ses couleurs

Tous les garçons et les filles

Leur repas dans un petit panier

S’assoient dans les trèfles verts

Ma Chérie j’ai une idée !

 

Vois, le soleil est chaud et le vent est tiède,

Allons empoisonner les pigeons du parc !

Les arbres sont vert et le ciel est bleu

Allons empoisonner les pigeons du parc !

Nous nous asseyons ensemble dans la tonnelle

Et chacun empoisonne un pigeon

Le printemps nous offre ses plus beaux moments,

Quand on  empoisonne les pigeons du parc.

 

Chérie, attrape vite l’arsenic,

C’est ce qui marche le mieux !

Saupoudres en un pain taillé en croix

Ces petits oiseaux aiment tant ça

D’abord faisons partir les corneilles

Car elles nous gâchent tout le plaisir

Car une corneille est trop rapide et bouffe tout le  poison,

Pendant que le pauvre pigeon regarde…

 

Oui, le printemps, le printemps, la printemps est là !

Allons empoisonner les pigeons du parc

Peut-il y avoir au monde un plus grand plaisir

Que d’ aller empoisonner les pigeons du parc ?

Le p’tit Hans aime beaucoup sa Mali

Car Mali lui paye du cyanure

Les cœurs sont faibles et l’amour est fort

Quand on  empoisonne les pigeons du parc !

Prends nous de quoi grignoter

Dans un autre panier

Allons empoisonner les pigeons du parc !

 



Qualtinger - Der Papa wird's schon richten
(Papa s'en occupera !)

 

 

Traduction libre, à partir du dialecte Viennois le plus abominable :

 

Alors cette nuit nous étions allés nous asseoir à l'Eden (un bar) pour causer,

Gießhübl, Puntigam et moi

Nous avons parlé comme ça, de ce qui se dit des voitures, et de ce dont on parle à 2 heures du mat.

 Nous avions déjà expédiées nos femmes à la maison, on en était comme on dit, à l'after (ce qui se dit "l'après" en viennois...)

Et comme dans ces moment-là on devient un peu triste et pensif, il arrive que l'on se mette vraiment à philosopher 

Ça passe comme ca pour la jeunesse dorée (en français dans le texte)...

 

D'un coup, y a Puntigam qui me dit :

"- Au fait, qu'est-ce qu'y a de vrai dans ce qu'on dit ?

J'ai plus ou moins entendu dire que tu aurais eu un accident !

Là-dessus, je lui dis :

"- C'est rien du tout ! Ma Porsche est déjà réparée ! Malheureusement il y a un passant,

qui juste avant de mourir m'est rentré dedans..."

Gießhübl s'y intéresse alors aussi : "et alors maintenant, ton permis ?"

"Ben, j'dis, ben quoi, qu'est-ce que tu veux qu'il lui arrive à mon permis ?

 

Papa s'en occupera, Papa s'en occupera

Ça fait partie de son devoir, pour ça l'est vraiment là

Car quand on a un fils, et une telle situation, et autant de relation, que mon Papa,

Alors il suffit d'un coup de téléphone au bon endroit et toute la paperasse est déjà prête à temps...

Même si exceptionnellement on peux tomber sur un con au bout du fil,

qui croyant qu'il sert à quelque chose sera viré demain... ahah !

 

Papa s'en occupera, Papa s'en occupera

Il connait tout plein trucs pour harceler les gens.

Des plus petits fonctionnaires et jusqu'au Président

Tous les gens importants, le connaissent et le servent : "mon cher monsieur..."

Ils aplanissent les plus douloureux problèmes, tout à fait officieusement...

 

Le temps qu'on soit restés ainsi à causer à l'Eden

Il fût rapidement 2h15 ou 2h30

  A ce moment, j'dis, après avoir un peu réfléchi :

"Gießhübl, j'ai entendu dire que t'avais eu quelques soucis,

Dans notre petit cercle, tout le monde en parle,

On t'aurait simplement refusé

Pour je ne sais quel poste à la commission de sécurité atomique,

et 13000 Shilling de salaire par mois.

Ils ont dit que tu n'es pas intelligent !"

 

Sur ce Gießhübl dit : (voix stupide au possible !)

"Carrément !

Il y a un peu d'ça dans c'qui s'est passé.

Rappelle-toi de notre jeunesse,

J'étais un vrai nul à l'école !

Pour ce qui est de l'université,

Tu me connais, je n'ai pas de talent pour cela...

C'est pourquoi j'ai été un peu déprimé

Quand on a pas voulu me prendre pour ce travail"

Alors, je dis :

"- Attends mais là tu m'intéresses !

Ne vas-tu donc pas protester ?"

- Ben, dit-il, ben pourquoi devrais-je me démener ?

 

Papa s'en occupera, Papa s'en occupera

C'est bien c'qui appartient au d'voir de tout Papa !

Et si y a besoin d'une lettre c'est lui qui s'y affaire

Sinon j'me demanderais

Pourquoi est-il donc là ?

 

Soudain, surgissant de derrière en faisant le tour,

Arriva le serveur disant :

"puis-je vous demander de régler s'il vous plaît ?"

Alors, Puntigam dit : "mais je vous en prie"

Puis il regarda dans son porte-monnaie et dit:

"Oh non c'est trop bête mais ....

 

Papa s'en occupera, Papa s'en occupera

Il mange ici avec sa nièce presque tous les soirs

Donnez lui ça à lire,

C'est pas grand chose de toute façon,

Il paiera avec ses plats

Mon cher papa

Il a de quoi

Il régle le moindre de mes "faux-pas" (en français dans le texte) ,

Mon Papa !

 

Publié dans intermondes

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